D'après les objectifs du dernier Grenelle de l'Environnement, la restauration scolaire devra proposer 15% de bio en 2010 et 20% en 2012. Pour satisfaire la demande des parents, la mairie d'Issy a introduit 5% de bio au menu des cantines depuis septembre 2009, à raison d'une composante bio par semaine pour un surcoût de 10 cts par repas à charge des familles à partir de janvier 2010 (voir Le Parisien). Notre équipe s'est inquiétée du procédé qui consiste à remplacer un produit issus de l'agriculture conventionnelle par un même produit bio, et qui ne peut qu'entraîner un surcoût élevé pour les familles. Après avoir constaté que sur 45 repas servis par le fournisseur Avenance entre le 27 avril et le 2 juillet 2009, 44 contenaient des protéines animales (voir p. 20), nous avons proposé à la Mairie de supprimer une fois par semaine la viande des menus pour équilibrer l'alimentation des enfants trop riche en viande et par là même, équilibrer les coûts des repas, la viande étant le poste de dépense le plus élevé dans les menus.
La Mairie nous a répondu que l'idée, bien qu'intéressante, ne pouvait être appliquée car le Groupe d'Études des Marchés de la Restauration Collective et Nutrition (GEMRCN) ne prévoit pas dans ses recommandations de menus sans protéines animales (sic). Or, il est avéré aujourd'hui par de nombreuses études scientifiques manger
quotidiennement de la viande est nocif pour la santé, à plus forte
raison pour celle de jeunes enfants de maternelle et de primaire.
La mairie nous rappelait également ses efforts pour proposer une "alimentation de meilleure qualité" avec la montée en puissance de nombreux produits Label Rouge (LR) dans les menus. Or,
99,5% de la viande consommée en France vient de l'élevage industriel ! Et de nombreuses études tendent à prouver que le label "LR" est une invention marketing (
voir ici). Il ne s'agit pas, contrairement à ce que l'on veut nous faire croire, de viande d'animaux (bovins, porcs et volaille) élevés dans des prairies, broutant de l'herbe verte et juteuse. Non, il s'agit d'animaux élevées hors-sols dont la croissance est stimulée par des hormones, tranquillisants, antibiotiques qui leur sont inoculés quotidiennement ; nourris au soja transgénique importé majoritairement d'Amérique du Sud. Il est évident que ces médicaments et hormones inoculés à ces animaux dont nous consommons la viande passe dans notre corps et notre sang comme l'affirmait
Fabrice Nicolino invité de l'émission scientifique de
France Inter, La Tête au carré, lundi 28 septembre à l'occasion de la sortie de son livre
L'industrie de la viande menace le monde.
A l'heure où l'on reproche au bio de ne pas être "écolo" (voir Le Monde), que penser de l'impact de l'élevage industriel sur l'effet de serre ? Une étude de 2006 de la FAO montre que l'élevage mondial produit plus de gaz à effet de serre que la totalité des transports humains !
Que dire des conséquences de la production de viande sur l'environnement mondial quand il faut entre 7 et 9 kg de protéines végétales pour produire 1 kg de protéines animales. "Fabriquer" de la viande industrielle, qui nourrira surtout les pays riches, nécessite des surfaces agricoles utiles (SAU) gigantesques pour l'agriculture fourragère. Cette agriculture intensive de céréales vouées uniquement à la nourriture du bétail est synonyme de pollution par les pesticides, de déforestation, de pollution des eaux et de l'air, alors qu' 1/4 de la planète souffre de la faim.
Nous voyons bien que le développement durable que l'on peut définir comme un développement "qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des génération futures à répondre aux leurs" est au centre de la réflexion sur le bio à la cantine.
Il s'agit donc bien ici d'initiative politique pour le bien de tous en termes de santé publique et d'environnement. Diminuer les quantités de viande dans les cantines scolaires pourrait être un premier pas vers une "réforme en profondeur" de la société que Fabrice Nicolino appelle de ses voeux.
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